Le Crush (French M. Important Bonus)

Une histoire bonus de M. Important

Chapitre Un

Chris

Casser le nez d’un homme n’était pas ce que j’avais prévu pour lui dire que j’avais un crush pour lui.

Mais, dans ma précipitation pour aider Reagan Wellbridge à gérer le fils rebelle de Thatcher Pennington, j’avais poussé la porte de la Taverne d’Honeybridge et, soudain, McGee, le beau, charismatique, puissant, foutrement sexy McGee, le fidèle employé de Thatcher et l’objet de tous mes fantasmes secrets les plus chauds, tombait à mes pieds… simplement pas de la façon dont j’avais fantasmé. 

Il tomba par terre comme une pierre en mettant une main tatouée sur son nez et une autre sur son front blessé. Du sang coula entre ses doigts et je commençai à paniquer. 

Cet homme avait toujours été un peu intimidant. Il était grand et lourdement musclé, alors que je n’étais… ni l’un ni l’autre. Pendant longtemps, j’avais pensé qu’il était un garde du corps qui accompagnait constamment le riche Thatcher partout où il allait. Cela ne fut que lors de leur récent voyage sur la route que je m’étais rendu compte qu’il était plus un chauffeur et un assistant personnel, prêt et capable d’aider son employeur dans tous les rôles nécessaires. J’avais aussi vu de loin qu’il était drôle et gentil. 

Maintenant, cet homme me rendait nerveux pour une tout autre raison. 

Je me précipitai à genoux pour l’aider en oubliant un moment que je n’avais absolument aucune idée de quoi faire pour aider dans une situation comme celle-là. « Je suis vraiment désolé… » J’agitai une main en direction de son visage. « Oh, merde, oh, putain. Je n’ai pas réfléchi. » Je tapotai son épaule et essayai de tourner sa tête vers moi pour voir les dégâts. 

McGee protégea son visage de ma maladresse enthousiaste avec une grande main. « La paix. Ça va. Calme-toi », dit-il d’une voix étouffée. Avec sa main libre, il attrapa mon poignet et le tint.

Malheureusement, cela eut l’effet opposé de celui qu’il avait voulu. Mon cerveau cessa de vivre à la seconde où sa main chaude et calleuse toucha la peau nue de mon poignet et je commençai à légèrement hyperventiler. 

McGee me parle. McGee me touche ! 

Quelqu’un rentra pour trouver de l’aide pendant que je continuai à reconstituer la tentative de premiers secours la plus inutile de l’histoire de la médecine… cette fois-ci d’une seule main. Après quelques instants, McGee eut pitié de moi et me tendit un bandana délavé pris dans sa poche arrière. « Brends da.

— Oui ! Oui. Un tissu. Bien. » Je l’attrapai et l’appuyai sur son nez en sang avec un peu d’enthousiasme. En attendant, mes propres paroles firent des ricochets dans mon cerveau comme l’écho embarrassant de ma stupidité. « Ungh, grognai-je. Désolé. »

Malgré la douleur qu’il devait ressentir, les yeux de McGee dansèrent derrière le tissu rouge. « Nette fibé. »

Je bafouillai d’autres excuses. « Oh, mon Dieu. Maintenant, vous ne pouvez même pas parler ! Votre bouche est blessée aussi ? J’essayais d’aider Reagan et j’ai ouvert la porte et… » Je m’agitai à nouveau. « Vous étiez là. »

McGee ajusta ma prise sur le bandana pour qu’il puisse parler. « J’ai dit, arrête de flipper. Je vais bien. Sérieusement. 

— Mais vous allez avoir un bleu ici. » Je rampai pour m’approcher jusqu’à ce que mon genou pousse sa hanche, puis je me penchai pour inspecter la tache rouge sur son front. Je passai doucement mon pouce dessus. « Et votre pauvre nez… Je l’ai cassé ? » Avec le bandana, j’essayai d’essuyer le sang. « Mon Dieu, je suis tellement désolé, répétai-je.

— Bas gazé. Relags. Agsident », dit-il doucement.

Ses yeux croisèrent les miens et, d’aussi près, je pus voir plusieurs petites cicatrices que je n’avais jamais remarquées. Deux sur son sourcil gauche, le percé, et une sous le bord de son menton.

Reagan ressortit avec un sac de glace et une serviette de bar propre en me sortant de l’étrange transe dans laquelle j’étais tombé. Je les lui arrachai et laissai tomber le bandana sur le trottoir pour pouvoir utiliser la serviette plus propre sur le visage de McGee. 

« Le saignement ralentit… je pense ? Avec un peu de chance, ça va l’empêcher de gonfler. Oh, mon Dieu, s’il est cassé, ça veut dire que vous allez aussi avoir les yeux au beurre noir ? »

La grande main de McGee recouvrit le bas de mon dos alors qu’il m’aidait à ne pas tomber en arrière quand je me penchai pour tenir la glace fermement en place. « Bas la bremière vois, dit-il. Bas la bire. »

Même avec le nez bloqué, sa voix était profonde, chaude et riche, comme un épais coulis au chocolat versé sur la meilleure glace du monde. Je soufflai un soupir et essayai de relâcher tous les muscles contractés de mon corps. « Je me sens comme un crétin. D’abord Wichita et maintenant ça. »

La poitrine de McGee se contracta avec un rire silencieux et ses yeux dansèrent à nouveau. Il enleva doucement le sac de glace de son visage, sa main chaude et stable sur la mienne. « Wichita était aussi un accident. »

Je fermai les yeux pour essayer de cacher mon humiliation. « J’ai volé votre manteau. Qui, genre… vous faites probablement quarante-cinq kilos et quinze centimètres de plus que moi. Comment j’ai pu confondre votre manteau avec le mien ?

— Vingt centimètres, corrigea-t-il. Et n’importe qui aurait pu faire cette erreur. Ils avaient la même couleur. En plus, il n’y a pas mal. Tu as réalisé ce qui se passait et on a échangé avant de partir. »

J’étais toujours assis près de lui sur le trottoir, si près que son bras était autour de moi et que j’étais à moitié sur ses genoux. Dès que je m’en rendis compte, je reculai et me levai en m’excusant encore. « Je suis un beau désastre. »

McGee se leva lentement et testa son nez pour s’assurer que le saignement s’était arrêté. Sa voix fut si douce que je compris à peine les mots. « Surtout beau. »

Je clignai des yeux en le regardant, mais, avant que je puisse lui demander de répéter, ce que je n’aurais en fait jamais eu les couilles de faire, son patron attira son attention. Il était clair qu’ils partaient et, puisque McGee était leur chauffeur, cela signifiait dire au revoir au grand dieu tatoué que j’avais involontairement cassé.

McGee se retourna vers moi avec un dernier regard par-dessus son épaule. « À bientôt. » Je ne pouvais pas dire si c’était une affirmation désinvolte ou une question. De toute façon, je ne savais pas comment réagir, alors je lui fis ma réponse improvisée signature.

« Moi ? », demandai-je stupidement.

Le coin de sa lèvre se leva dans un sourire de travers. « Oh, ouais. Définitivement toi. Prends soin de toi, mon mignon. Plus d’accidents, d’accord ?

— Euh. Oh. Ké. Bon bonne. » Mes paroles repassèrent dans ma tête toutes mélangées, alors j’essayai de les corriger. « Route voyage ! En… chance ! Sécurité. Voyage. Chance. Oh, mon Dieu. Bonjoir. Jouir. Bon… Dieu. »

Quand la bousculade de mes paroles s’effaça dans l’air glacial du Maine, le chaud grondement du rire de McGee filtra jusqu’à moi comme une couverture douillette fermement enveloppée autour de mes épaules.

Comme un cadeau.

Plus tard, cette nuit-là, dans l’intimité de ma minuscule chambre d’hôtel petit budget à deux villes d’Honeybridge, j’avouai toute cette sordide affaire à mon frère.

Le rire de Robbie n’était pas aussi chaud ni grondant. En fait, il apportait trente années de trop d’informations, de taquineries incessantes, mais aimables et de trop de connaissances qu’un frère a sur son autre frère.

« On dirait qu’il t’aime bien aussi. Pourquoi ne pas l’inviter à sortir ?, demanda-t-il quand il arrêta enfin de rire assez longtemps pour faire sortir les mots. Tu connais ce mec depuis, genre, un an…

— On peut dire que je le connais depuis un an ?, demandai-je. C’est plus genre : Je l’ai rencontré il y a un an et j’ai réussi à jeter quelques mots inintelligibles dans sa direction. Le fait de l’avoir vu quelques fois depuis, c’est pas comme le connaître, c’est juste le signe que l’univers me hait. » Je fermai les yeux et coulai dans le cratère au centre du matelas. « Que je l’invite à sortir serait comme toi invitant Brooke Grayson à sortir.

— Brooke Grayson pourrait sortir avec un Hemsworth, marmonna Robbie. Elle est trop bien pour moi.

— Thomas McGee est un Hemsworth, ou presque. Vraiment, vraiment trop bien pour moi. » Je soufflai. « Il est simplement pour les fantasmes. »

Nous partageâmes un moment de silence facile tout en imaginant nos fantasmes. J’avais plusieurs images de McGee dans lesquelles puiser, mais une de mes préférées était celle où je l’avais rencontré, recouvert d’habits de course en sueur à Central Park.

Finalement, Robbie soupira en me faisant sortir de ma rêverie. « Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire si tu proposais au moins de le sucer ? Quel type dirait non à ça ? Merde, je tenterai ma chance pour être cinq minutes seul avec Brooke Grayson, mais les filles ne sont pas comme les mecs. Elles ne kiffent pas autant les plans cul.

— Certaines si, rétorquai-je. Et certains mecs ne kiffent pas non plus les plans cul. » Mais je me forçai à réfléchir à ce qu’il disait et à m’imaginer proposant de sucer la bite vraisemblablement grosse et parfaite de McGee.

L’idée même me fit me tortiller dans le cratère du lit d’hôtel. 

« Qu’est-ce qui pourrait arriver de pire ? », répétai-je dans ma barbe. 

Déjà, je ne connaissais McGee que parce que j’étais un journaliste qui avait occasionnellement interviewé son patron. Le sucer serait probablement peu professionnel ou quoi.

Mais, surtout, cet homme était vraiment trop bien pour moi, même pour une relation occasionnelle comme une pipe rapide. En supposant que j’ai un jour le cran de le suggérer, improbable, il n’y avait qu’une chance sur deux pour que je sois capable de faire sortir les mots étant donné que ma langue était trop occupée à haleter quand McGee était dans les parages pour faire quoi que ce soit d’utile comme parler. Même si je faisais vraiment la proposition, il y avait une forte probabilité qu’il me rie au nez. 

Je ne savais pas ce qui pouvait arriver de pire et je n’allais pas le découvrir.

Ceci étant, moins d’une semaine plus tard… je le découvris.

Chapitre Deux

McGee

J’avais légèrement fantasmé sur le journaliste pendant des mois, depuis qu’il avait interviewé Thatcher sur un banc de Central Park l’été précédent. Chris avait cherché quelques citations pour un article qu’il préparait sur les tendances de l’industrie et Thatcher avait accepté de lui donner quinze minutes à la fin d’un footing.

Chris avait été adorablement troublé quand Thatcher et moi étions apparus en riant à la fin du sprint final. Il avait passé toute la session des quinze minutes avec les joues d’un rouge profond, ce qui avait gardé mon rythme cardiaque aussi élevé qu’à la fin du sprint.

Dès qu’il avait eu les réponses à ses questions, il était parti en se précipitant et en marmonnant adorablement sur le besoin d’être ailleurs pour quelque chose. Après plusieurs mètres sur le chemin, il avait trébuché et était presque tombé sur une maman et une poussette au bord du chemin. Son bégaiement d’excuses et ses salutations de la main avaient fait se serrer quelque chose d’étrange dans ma poitrine.

Cet homme était foutrement maladroit, mais, pour une raison inconnue, sa maladresse le faisait vraiment pour moi. Cela et ses grands yeux intelligents, son petit cul parfaitement rond et le petit corps souple que je pouvais presque tenir dans une main. 

J’avais été obsédé par lui depuis. 

J’avais lu chaque article qu’il avait un jour écrit et pratiquement appris par cœur sa bio en ligne. Mais, comme je ne l’avais rencontré qu’à travers le travail de Thatcher (et celui de Chris), je m’étais dit qu’il était vraiment impossible de faire des avances à cet homme. Sans parler du fait que j’avais décidé de faire une pause avec les plans cul après un peu trop de déceptions. 

Mais, quand j’avais vu une occasion à l’événement de Wichita de rencontrer Chris seul pendant quelques minutes, toutes mes bonnes intentions s’étaient envolées et je l’avais saisie sans hésitation.

J’avais remarqué que nos manteaux avaient la même couleur, alors je les avais rapidement échangés quand il ne regardait pas simplement pour pouvoir revenir en courant pour le revoir sans avoir mon patron dans les parages. La ruse était foutrement médiocre… mais efficace.

Il avait été adorablement troublé et désolé. J’avais essayé d’expliquer que l’erreur avait été ma faute, mais il avait refusé d’accepter cela. Ce fut la première fois que je me rendis compte que Chris Acton n’était troublé qu’avec moi. Avec tous les autres, il était amical et confiant, professionnel et charmant.

Avec moi, c’était un désastre.

Cela ne fut qu’avec l’incident devant la Taverne d’Honeybridge que je me rendis compte de ce que cette gêne contextuelle pouvait signifier.

Était-il possible que Chris Acton soit nerveux avec moi parce qu’il m’aimait bien ? Si oui, j’étais partant à cent pour cent. Ou était-il intimidé par ma taille ? Ou était-ce quelque chose d’autre ?

Je l’aurais invité à sortir immédiatement après qu’il m’eut giflé avec la porte et réglé tout de suite le problème, mais Thatcher avait été énervé et avait eu besoin de s’éloigner des conneries que son fils avait démarrées. Alors j’avais dit au revoir à Chris et cet homme avait bégayé la série la plus ridicule d’absurdités que j’avais jamais entendue.

Sans surprise, cela ne m’avait que donné encore plus envie de lui.

Et, quand j’avais entendu dire qu’il ne prévoyait pas d’écrire sur le caprice ivre de Brantleigh, j’avais été totalement foutu. Chris n’était pas seulement magnifique, intelligent et maladroit à en être sexy, c’était aussi quelqu’un de bien.

Alors, quand Thatcher était venu me voir avec son idée d’organiser une interview avec un journaliste, non seulement pour mettre un point final à l’histoire Nova Davidson une fois pour toutes, mais aussi pour revendiquer publiquement Reagan, j’avais espéré comme un fou qu’il choisisse Chris. J’avais peut-être même suggéré, d’une façon complètement cool, évidemment, que donner à Chris l’exclusivité serait une bonne façon de lui rendre le service qu’il nous avait fait en se taisant.

Quand Thatcher avait accepté, j’en avais fait un peu plus en insistant pour être celui qui irait chercher Chris à l’aéroport de Madison quand il arriverait pour l’interview. J’avais eu hâte à l’idée de lui parler en privé.

Je n’avais pas compté sur son équipe de tournage. 

Je faisais les cent pas dans la zone de récupération des bagages, étonnamment nerveux. Comme je l’avais rappelé à Thatcher, j’étais un bagarreur et je l’avais toujours été, même avant de commencer la compétition dans les tournois de MMA. Pas grand-chose ne me faisait peur. Mais cet homme, cet homme intelligent, gentil et réellement bon, me faisait perdre mes moyens. 

Quand je le vis avancer avec confiance dans le terminal, j’étais peut-être un peu trop excité. 

« Salut, mon mignon, le saluai-je en sentant mon visage s’étirer dans un énorme sourire. C’est sympa de te revoir. »

Son visage prit une délicieuse nuance de rose. « Euh, salut. Hé. Bonjour. Vous. »

Je saisis l’occasion pour me pencher et l’embrasser sur la joue pour pouvoir murmurer dans son oreille. « J’me demandais si tu serais partant pour un dîner après l’interview. »

Sa main se leva pour empoigner mon manteau. « Oh, euh. Ouais, euh. Ouais. En fait, je… euh… me demandais la même chose. Je veux dire, pas le dîner. » Il écarquilla les yeux. « Pas pas le dîner, vous voyez ? Le dîner, c’est bien aussi. Mais je pensais que vous voudriez une pipe ? »

Ses yeux devinrent encore plus énormes jusqu’à ce que le blanc soit grand comme dans un film d’horreur. Les mots étaient sortis de sa bouche avant qu’il puisse les ravaler, mais je pouvais voir qu’il n’avait pas voulu dire cela, ou peut-être que si… puis l’avait immédiatement regretté. Son visage passa d’un adorable rose à un rouge dangereux alors qu’il semblait se rappeler qu’il y avait des gens autour de nous. 

« Oh, mon Dieu, murmura-t-il en regardant les autres passagers. Je ne… juste… »

Je l’attrapai et l’attirai contre ma poitrine en l’enveloppant avec mes bras et en essayant très fort de ne pas rire. « Ne t’excuse jamais de me dire ce que tu veux, Chris. Je suis là pour ça. Pour le dîner ou… tout ce que tu voudras. »

Il fit un son sifflant étouffé avant de reculer et de regarder l’homme et la femme qui se tenaient bizarrement près de nous comme s’ils écoutaient notre conversation. C’était impoli.

« Euh… McGee ? Voici… » Il déglutit. « Voici Samantha Killian et Malek Owen. Mon équipe technique. »

Il agita vaguement une main pâle dans leur direction. Son visage était complètement dépourvu de couleur à ce stade et il avait l’air pitoyable.

« Ton équipe technique ?, demandai-je en réalisant pourquoi il était si pâle. Heureux de vous rencontrer. Et… veuillez accepter mes excuses pour mon comportement moins que professionnel. Je n’avais aucune idée que Chris voyageait avec d’autres personnes. »

Ils eurent l’air à la fois gênés et amusés. Malek dit : « On dirait qu’il a oublié aussi. Mais ça va. C’est sympa de savoir que Chris est humain. »

Chris lança un regard au type. « Évidemment que je suis humain ? »

Malek donna un coup de poing à l’épaule de Chris. « Je voulais juste dire que tu es toujours tellement déterminé au travail que c’est dur de croire que tu as une vie en dehors du bureau. Pas de problème, mec. »

Samantha gloussa derrière sa main. « Désolée, j’ai juste… ça va, vraiment. Et je suis un peu d’accord avec Malek. On ne savait pas que tu avais un petit ami. » Elle me regarda de haut en bas de façon espiègle comme si elle jaugeait si son collègue avait bien conclu.

Chris inspira de façon irrégulière. « Oh non. Pas mon petit ami. Pas même un peu. Euh. Non. McGee est… McGee est… »

Je posai ma main sur sa nuque et serrai doucement, mais, dès que je me rendis compte que le geste ne faisait que le tendre encore plus, je le lâchai. « Juste des amis. Il ne savait pas que j’espérais plus. S’il vous plaît, ne lui en tenez pas rigueur. »

Chris me fixa.

Heureusement, la valise de Samantha apparut sur le tapis et déconcentra assez tout le monde pour mettre un terme à ce moment gênant. J’avais passé assez de temps avec Reagan Wellbridge les semaines précédentes pour avoir appris quelques trucs pour faire la conversation avec des inconnus, alors, dès que nous commençâmes à marcher vers la voiture, j’entamai un échange facile avec eux sur leur vol, les dernières unes sur le football, le ciel étonnamment ensoleillé et divers autres sujets sans importance.

Quand nous arrivâmes à l’hôtel, Chris m’ignora comme s’il avait étudié dur et obtenu un master dans le domaine. Je ressentis un mélange déroutant de déception et de curiosité. M’ignorait-il parce que j’avais causé un tort irréparable à sa réputation professionnelle ou essayait-il simplement de rester concentré sur son travail ?

Je savais qu’il prenait sa carrière au sérieux. C’était un journaliste financier brillant et travailleur qui bossait pour un média au top, ce qui causait déjà des ravages dans ma confiance en moi. Je n’avais même pas un diplôme universitaire. Je n’étais qu’un simple chauffeur, pour l’amour de Dieu. Cela n’était pas comme si un type comme moi serait quoi que ce soit pour qu’un type comme lui s’en vante.

Mais quand même, je le désirais.

Je le désirais tellement que mon estomac resta fragile sur le chemin vers la suite de Thatcher, pendant la mise en place et durant toute l’interview. Quand elle fut terminée et que Chris eut commencé à dire au revoir, j’eus l’impression que ma peau vibrait. Tout mon corps vrombissait.

Il a proposé de te sucer.

Ce souvenir était la seule chose m’empêchant de laisser tomber avant même de réessayer. Si tout ce que je pouvais avoir était un plan cul rapide et transactionnel, j’allais le prendre et être foutrement heureux. Toute occasion de toucher son corps serait mieux que rien.

« Merci encore pour l’interview, Thatcher. Et bonne chance à vous deux. On garde le contact », dit-il à Thatcher et à Reagan. 

Chris suivit Samantha et Malek vers la porte sans m’accorder un seul regard. Mes mains tremblaient sous l’effort de me retenir de le gêner à nouveau devant son équipe, mais, dès que les deux techniciens furent sortis de la suite, je ne pus plus le supporter.

J’attrapai Chris par le coude et le traînai dans ma chambre avant de claquer la porte et de le pousser contre elle. « Oui ou non ?, réussis-je à dire en perdant rapidement ma capacité à rester calme.

— Oui », souffla-t-il. Avant que le mot soit complètement sorti, j’étais sur lui, sa bouche chaude sous mes lèvres et mes mains sur son corps ferme et sexy. Il fit un minuscule couinement gêné et ses mains s’agitèrent avant qu’il se mette sur la pointe des pieds et les pose exactement là où elles devaient être, autour de ma nuque. Puis il gémit et s’affala contre moi.

Aussi adorable que soit son agitation, avoir les mains de Chris sur mon corps était encore mieux.  

Je décidai à ce moment-là que je m’étais leurré quand j’avais pensé que je pouvais ne lui prendre qu’un rapide plan cul. Il n’y avait rien de rapide dans les choses que je voulais lui faire. Au minimum, j’avais besoin d’une nuit entière.

Même si je commençais à penser que j’avais besoin de beaucoup, beaucoup plus.

Je m’extirpai du baiser assez longtemps pour le regarder dans les yeux. « Envoie un message à ton équipe pour leur dire que tu restes avec moi. »

Il cligna des yeux en me regardant. 

Le temps ralentit pendant que j’attendis qu’il fasse un geste.

Chapitre Trois

Chris

Cela ne pouvait pas être réel. Les choses comme cela n’arrivaient pas à des types comme moi. De grands et beaux hommes musclés avec des tatouages à baver ne se mettaient pas en quatre pour coucher avec des types qui trébuchaient, bégayaient et se ridiculisaient devant la seule personne avec qui ils voulaient garder leur sang-froid.

Mais, même si je m’étais peut-être ridiculisé devant Thomas McGee, je n’étais pas un idiot. Si cet homme me proposait une nuit avec lui, il était impossible que je passe à côté. 

Je fouillai ma poche pour trouver mon téléphone en le jetant accidentellement vers lui. Il rebondit sur son ventre et glissa sur le tapis en roulant à plusieurs mètres. En jetant des excuses par-dessus mon épaule, je tombai à quatre pattes pour le retrouver avant de poser mon cul par terre pour envoyer un message à Sam et Malek.

Me : Vais rester. Dois rester. Ils veulent que je reste.

Je fixai les mots avant de les effacer frénétiquement. 

Moi : Allez-y. Je vais rester ici.

Je le relus encore et encore avant de décider qu’il était suffisant. J’appuyai sur Envoyer avant de lever les yeux vers McGee.

Il s’était assis sur une chaise et avait appuyé ses bras sur ses cuisses baraquées en serrant les mains comme s’il avait tout son temps. Le regard sur son visage était patient et affectueux. Chaleureux et ouvert.

Gentil et foutrement sexy.

« J’essayais de te dire que j’étais un beau désastre », dis-je sur la défensive.

McGee hocha lentement la tête. « Oui.

— Tu ne vas pas me croire, mais je ne suis pas comme ça d’habitude. »

Il hocha à nouveau la tête et le coin de ses lèvres se souleva encore plus. « Je sais.

— Tu… sais ? Comment ? Tu es toujours là quand tu es… là. » Putain.

Il se redressa et frotta ses mains sur son jean avant de s’appuyer contre la chaise et de croiser les bras sur sa poitrine massive. « J’ai vu plusieurs de tes interviews en ligne. J’ai beaucoup lu ton travail. » Ses joues étaient un peu roses sous les restes des bleus. « Ou probablement tout ton travail. »

Je le fixai, incrédule. « Tu… Pour l’amour de Dieu, pourquoi ? »

Au lieu de répondre, il me fit signe du doigt. Mon cœur tira dans sa direction et mon corps suivit sans beaucoup de contribution de la part de mon cerveau. Je m’approchai à quatre pattes jusqu’à être à genoux à ses pieds.

« Je t’aime bien, dit-il à voix basse. Beaucoup. Et je me suis dit, quand un journaliste trouve quelque chose de fascinant et veut tout savoir dessus, il fait des recherches. Non ? Alors…

— Eh bien, oui, mais… » Je levai les yeux vers lui en penchant la tête d’un côté et de l’autre. Il avait l’air rationnel, en fait, il avait l’air follement sexy et puissamment vulnérable et parfait, et il parlait parfaitement clairement avec des mots que j’étais presque sûr de devoir comprendre, étant donné que les mots étaient ma vie en tant que journaliste. Pourtant, j’avais l’impression que je devais mal le comprendre. « Mais pourquoi ? », demandai-je.  

Son sourire tomba et, après un moment, un muscle se contracta dans sa mâchoire. « Reagan a dit qu’il allait me baffer, marmonna-t-il. La princesse avait raison, bon sang.

— Quoi ?

— Rien. C’est juste… » Il gratta sa nuque. « J’ai un peu un truc pour toi depuis un moment maintenant.

— Un truc ? 

— Une attirance, clarifia-t-il. Une fascination. Un… » Il s’éclaircit la gorge. « Un désir. »

Je montrai ma poitrine pour qu’il n’y ait pas de confusion. « Pour moi ? »

Le sourire de McGee revint et c’était comme le soleil revenant briller après un orage éclair. Je sentis tout mon corps se détendre dans sa chaleur. « Oui, toi. Tu es malin, sexy, déterminé. Tu es drôle, aguicheur, maladroit. Il y a simplement quelque chose chez toi qui… »

Je n’avais pas besoin d’en entendre plus. Au lieu de le laisser continuer, ce qui aurait pu être incroyable, je me levai en vacillant et l’embrassai à nouveau en attrapant son t-shirt dans mon poing pour nous empêcher de nous écrouler.

Ses mains solides m’agrippèrent, une à l’arrière de ma tête et l’autre au bas de mon dos, en m’attirant jusqu’à ce que je chevauche ses cuisses. Nous nous embrassâmes comme si nous étions affamés, comme si quelque chose nous avait retenus trop longtemps et que, maintenant, nous étions enfin libres de foncer.

« Oh, mon Dieu, murmurai-je entre deux baisers. C’est… tu… oh, mon Dieu.

— Tu es si bon. Tu as bon goût. J’ai envie de toi. » Sa respiration était irrégulière. Tout cela était trop beau pour être vrai. Sacrément sexy et irrésistible de la meilleure des façons.

« Moi. Pareil. S’il te plaît. » Pour un homme qui gagnait sa vie avec les mots, je me souvenais de très peu.

Il déplaça ses deux mains sous mon cul et se leva en me soulevant comme un bambin s’accrochant à sa large poitrine. Je jetai les bras autour de son cou et passai mes jambes autour de sa taille. Il était de la taille parfaite, ce grand homme fort dont j’avais toujours rêvé. Le genre d’homme qui pouvait me secouer un peu et me tenir jusqu’à ce que je supplie.

« Attends, ici, maintenant ? », demandai-je alors qu’il me portait vers le lit.

Ses sourcils plongèrent. « Ouais. Pourquoi pas ? Est-ce que tu… on pourrait… » Il me posa gentiment sur le lit et serra les poings comme s’il voulait s’empêcher de me toucher. « On pourrait sortir manger d’abord ? Je t’ai promis un repas. Je… »

McGee sembla soudain manquer d’assurance et cela causa un petit nœud de compassion et de douceur dans ma poitrine. « McGee ? »

Il leva les sourcils et écarquilla les yeux avec une anticipation impatiente. « Ouais ?

— Je n’ai pas envie de manger. »

Il sourit doucement. « Non ?

— Non. »

Il posa un genou sur le lit à côté de ma jambe et approcha son visage du mien. « Tu as envie de quelque chose d’autre ? »

Je gardai les yeux dans les siens et hochai lentement la tête. 

Le sourire de McGee s’agrandit avant qu’il mette son autre genou sur le lit. Cette fois-ci, c’était lui qui me chevauchait, ce qui aurait eu l’air comique pour quelqu’un qui aurait regardé puisqu’il était tellement plus grand que moi. « Tu vas rester avec moi ? », murmura-t-il avant de passer son nez sur ma joue.

Cette fois-ci, je n’eus pas besoin de clarifier exactement ce qu’il demandait parce que je savais ce que serait la réponse de toute façon. 

« Mm hm », soufflai-je.

Ses lèvres suivirent en posant un léger baiser sur la peau à cet endroit. « Tu vas me laisser te toucher et te goûter ? »

J’inspirai vivement alors que ma peau se recouvrait de petites bosses. 

Ce fut une réponse suffisante.

Ses mains se levèrent pour prendre mon visage comme si j’étais une sorte de trésor précieux. Ses baisers étaient doux et légers, émaillant lentement mes paupières, mon front et mes joues. Ma tête tourna par manque d’oxygène, mais je réussis quand même à passer mes mains sous son t-shirt pour toucher la chaleur en dessous.

Il était tout en peau tendue sur des muscles durs, larges, forts, prêts à frapper. Je passai mes mains partout en essayant de découvrir des détails cachés. Les dessins en encre noire qui courraient sur ses bras. La façon dont ses tétons durcissaient sous mes doigts. La douceur soyeuse des poils sur sa poitrine. La contraction de ses abdos quand mes doigts les caressèrent.

« Pourquoi moi ?, demandai-je en penchant la tête en arrière pour qu’il puisse atteindre mon cou. Tu pourrais avoir n’importe qui.

— Pas quelqu’un comme toi, murmura-t-il contre la peau sensible sous mon oreille. Je te l’ai déjà dit. Tu es foutrement magnifique et sexy. Intelligent et gentil.

— Maladroit et bizarre. »

McGee passa ses mains sur ma taille et arracha ma chemise de ma ceinture avant de passer des doigts habiles sur les boutons. « Bizarre d’une bonne façon, dit-il en embrassant toujours mon cou. Bizarre de la meilleure des façons. Bizarre d’une façon sexy. »

Je lâchai un rire. « Ça n’existe pas.

— Je te promets que si. » Il recula et croisa mon regard, ses doigts toujours occupés à ouvrir ma chemise. « Je n’arrête pas de penser à toi. Ça fait des mois, Chris. Depuis Central Park. »

Ses paroles me choquèrent. « Vraiment ? » Je saisis l’occasion, sortis mes mains de sa chemise et les levai vers son visage. « Je pensais que c’était à sens unique. J’ai… un, euh, un crush pour toi depuis tout ce temps. »

Le visage de McGee s’illumina. Cela devenait mon nouveau truc préféré. « Ouais ? J’allais t’inviter à sortir à ce moment-là, mais j’ai eu peur de ne pas avoir une chance. » Il secoua la tête. « Suis noué depuis. »

Je me penchai et goûtai ses lèvres. Ses bras entourèrent mon dos et m’attirèrent à nouveau contre lui jusqu’à ce qu’il me fasse tomber sur le dos. Il baissa le regard vers moi, le sourire maintenant disparu. Des yeux intenses me clouèrent.

Je levai la main et passai un doigt le long de sa lèvre inférieure charnue. « Tu avais toutes tes chances », murmurai-je.

Il attrapa mon doigt avant de l’embrasser doucement et de continuer en embrassant chacun des autres tour à tour. Ses yeux ne quittèrent jamais les miens. « Quand je t’ai demandé de rester, je ne voulais pas dire seulement ce soir. »

Je sentis la pression dure de sa queue contre la mienne à travers nos habits. La peau chaude de son abdomen réchauffa mon ventre là où j’avais senti sa chemise se froisser. Sa poitrine se dilata avec une respiration rapide et ce regard de laser me garda sous son charme.

Mon cœur martela et ma peau se contracta avant que je fasse un aveu.

« Quand j’ai dit oui, je ne voulais pas dire seulement ce soir non plus. »

Son visage s’illumina à nouveau et je me demandai si j’allais un jour me lasser de le voir. 

La réponse se trouva être non.

Jamais.

Maintenant, des années plus tard, cela met toujours le feu à mon cœur tous les jours.